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A l’ouvrage fondamental de F. Bechtel, Die historischen Personennamen des griechischen bis zur Kaiserzeit (1917), consacré aux radicaux des noms de personnes grecs antiques, les vingt-trois articles ici réunis procurent le complément nécessaire de l’étude des suffixes, en offrant son volet onomastique au livre de P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien (1933). Dialectologues et linguistes, surtout spécialistes du grec, mais aussi des langues italiques, étrusque et thrace, livrent leurs réflexions tant sur la préhistoire et l’histoire contrastives de l’affixation que sur les modalités et les spécificités de la suffixation. La difficulté d’analyse de certains types suffixaux, imputable à la perméabilité de plusieurs types flexionnels, que renforce encore l’absence de caractérisation sémantique nette de la plupart des suffixes, n’empêche pas le système d’être relativement stable entre le IIe millénaire avant et le Ve s. après J.-C. Pour pallier le caractère, en outre, souvent peu marqué morphologiquement des suffixes, la tendance est à leur accrétion par concaténation : c’est ce qui distingue le plus visiblement l’anthroponymie du lexique. Le renouvellement suffixal contribue ainsi à l’individualisation des noms de personnes. De riches indices, dont une liste exemplifiée des affixes et chaînes suffixales, fourniront aux épigraphistes, aux historiens et aux linguistes un indispensable complément à ceux des Onomastica graeca selecta d’Olivier Masson, éd. C. Dobias et L. Dubois (1990 et 2000).
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TABLE DES MATIÈRES
Abréviations
Introduction
0.1. Opacité de la langue homérique
0.2. Δύσγνωστος « difficile à comprendre »
0.2.1. Réanalyse et réinterprétation
0.2.2. Réinterprétation : hétérogénéité des emplois
0.2.3. Réanalyse morphologique : segmentation du mot et identification des morphèmes
0.2.4. Réanalyse syntaxique : segmentation du vers et identification des syntagmes
0.3. Δύσγνωστος « difficile à reconnaître »
0.3.1. Altération interne
0.3.2. Altération externe
0.4. Principes de réinterprétation
0.4.1. Homonymie
0.4.2. Paronymie
0.4.3. Principe de permutation contextuelle
0.4.4. Principe de glose
0.4.5. Principe de réduplication
0.4.6. Principe de différenciation contextuelle
0.4.7. Principe naturaliste
0.5. Objet de cette étude, corpus et méthode
0.5.1. Objet
0.5.2. Constitution du corpus
0.5.3. Méthode
0.5.4. Réinterprétation
Première partie
PERMANENCE DU SIGNIFIANT ET ALTÉRATION DU SIGNIFIÉ
Chapitre 1. — Le sanglier et le potager : χλούνην σῦν (Il. 9, 539)
1.1. Les attestations
1.2. Interprétations anciennes et modernes
1.3. Analyse de la forme
1.3.1. Syntaxe de Il. 9, 539 et sens de χλούνην
1.3.2. Analyse formelle de χλούνη et étymologie
1.4. Le κῆπος, domaine d’Artémis, et la question de sa tripartition
1.5. Réinterprétations de χλούνη(ς)
1.5.1. Un problème de rection verbale
1.5.2. Ps.-Hésiode, Sc. 168-177
1.5.3. Aristote, Hist. An. 578a32-578b5
1.5.4. Élien, fr. 11 Hercher
1.5.5. Les fragments
1.6. Les dérivés
1.6.1. Eschyle, Eum. 188 : χλοῦνις
1.6.2. Χλούνιος
1.6.3. Χλούνειον
1.6.4. Χλουνάζειν
1.7. Conclusion
Chapitre 2. — Face et façade : ἐνώπια
2.1. Les attestations
2.2. Interprétations anciennes et modernes
2.3. Analyse des exemples homériques
2.4. Réinterprétation
2.5. Conclusion
Chapitre 3. — L’aigle et Morphée : μόρφνος (Il. 24, 316)
3.1. Les attestations
3.2. Interprétations anciennes et modernes
3.3. Analyse de μόρφνος et de son groupe
3.3.1. Μόρφνος « rapace »
3.3.2. Le groupe de μάρπτω
3.3.3. Étymologie de μάρπτω
3.3.4. Dérivés
3.4. Réinterprétation
3.5. Conclusion
Chapitre 4. — Tactique et piège : l’adverbe εὐράξ (Il. 11, 251 ; 15, 541)
4.1. Les attestations
4.2. Interprétations anciennes et modernes
4.3. Analyse de εὐράξ et étymologie
4.3.1. Les adverbes en -ξ
4.3.2. Εὐράξ et εἴργω
4.3.3. La racine *h1u̯ erg̑ -
4.4. Réinterprétation
4.5. Conclusion
Chapitre 5. — File indienne et circonspection : προμνηστῖνος (Od. 11, 233 ; 21, 230)
5.1. Les attestations
5.2. Explications anciennes et modernes
5.3. Analyse de la forme
5.4. Réinterpr©tation
5.5. Ἀγχιστῖνος / ἀγχηστῖνος
5.6. Conclusion
Chapitre 6. — Souffrance et souci : ἀλέγω et les composés en -ηλεγής
6.1. Les attestations
6.1.1. Homère et Hésiode
6.1.2. La poésie lyrique et la tragéde
6.1.3. La prose
6.1.4. Les composés
6.2. Interprétations anciennes et modernes
6.2.1. Interprétations anciennes de ἀλέγω
6.2.2. Interprétations anciennes des composés en -ηλεγής
6.2.3. Interprétations modernes
6.3. Analyse contextuelle
6.3.1. Analyse de ἀλέγω
6.3.2. Les composés en -ηλεγής
6.4. Analyse formelle et étymologie
6.4.1. Le groupe de ἄλγος en grec
6.4.2. Étymologie
6.5. Réinterprétation
6.6. Conclusion
Chapitre 7. — Soins et piqûres : ἀκεώμεθα, ἀκεστός (Il. 13, 115)
7.1. Il. 13, 114-119
7.2. Interprétations anciennes et modernes
7.3. Les deux *ἄκος
7.3.1. Ἀκ- « être pointu »
7.3.2. Il. 13, 115, ἀλλ’ ἀκεώμεθα
7.3.3. Od. 10, 69, ἀλλ’ ἀκέσασθε
7.4. Anthroponymie
7.5. Ἤκεστος
7.6. Réinterprétation
7.7. Conclusion
Chapitre 8. — Mettre à genoux et anéantir : πρόχνυ
8.1. Les attestations
8.2. Interprétations anciennes et modernes
8.3. Analyse des exemples hom©riques
8.4. Étymologie
8.5. Réinterprétation
8.6. Conclusion
Deuxième partie
ALTÉRATION DU SIGNIFIANT DANS LES LIMITES DU MOT
Chapitre 9. — Conteur et trompeur : ἐπίκλοπος
9.1. Les attestations
9.1.1. Homère et Hésiode
9.1.2. Époqes archaïque et classique
9.1.3. Époques hellénistique et romaine
9.1.4. Dérivés
9.2. Interprétations anciennes et modernes
9.3. Analyse de ἐπίκλοπος
9.3.1. Analyse sémantique et contextuelle
9.3.2. Analyse formelle
9.4. Dérivés
9.5. Réinterprétation
9.6. Conclusion
Chapitre 10. — Des armes et des jeunes gens : ὁπλότερος, ὑπέροπλος, ὁπλή
10.1. Les attestations
10.1.1. Homère et Hésiode
10.1.2. Poésie lyrique
10.1.3. Époques hellénistique et romaine
10.2. Interprétations anciennes et modernes
10.2.1. Jeunes en armes ?
10.2.2. Formes en *-tero- dérivées de substantifs
10.2.3. Analyse sémantique
10.3. Analyse de ὁπλότερος
10.4. Dérivés : ὁπλή
10.4.1. Attestations
10.4.2. Explications anciennes et modernes
10.4.3. Analyse de ὁπλή
10.4.5. Composé ὑπέροπλος
10.5. Conclusion
Chapitre 11. — Capturer et captiver : αἵμονα θήρης (Il. 5, 49)
11.1. Attestation
11.2. Interprétations anciennes et modernes
11.3. Analyse du terme homérique
11.4. Anthroponymie
11.5 Αἵμων chez les Tragiques
11.6. Dérivés
11.7. Conclusion
Chapitre 12. — Les clefs de la gloire : ἐϋκλεῖας (Il. 10, 281)
12.1. Les attestations
12.2. Interprétations anciennes et modernes
12.3. Analyse de Il. 10, 281
12.4. Réinterprétation
12.5. Conclusion
Chapitre 13. — Tours et voltes : ἑλίκωπες Ἀχαιοί, εἰλίποδας ἕλικας βοῦς
13.1. Les attestations
13.1.1. Ἑλίκωψ
13.1.2. Ἑλικῶπις
13.2. Interprétations anciennes et modernes
13.3. Analyse de ἑλίκωψ et étymologie
13.3.1. Une épithète militaire spécifique
13.3.2. Formation du composé
13.3.3. Athématisation metri causa
13.3.4. Date de la réinterprétation
13.4. Νῆες ἀμφιέλισσαι
13.5. Εἰλίποδας ἕλικας βοῦς
13.5.1. Interprétations anciennes et modernes
13.5.2. Analyse des faits homériques
13.5.3. Syntaxe de la formule
13.5.4. Sens de la formule
13.6. Un parallèle : φοῖνιξ
13.7. Conclusion
Chapitre 14. — Rang et honneurs : les Troyens ἀγέρωχοι
14.1. Les attestations
14.1.1. Homère et Hésiode
14.1.2. Poésie archaïque et classique
14.1.3. Poésie hellénistique et tardive
14.1.4. Prose
14.1.5. Dérivés
14.2. Analyses anciennes et modernes
14.3. Analyse formelle
14.3.1. Origine du [ō]
14.3.2. Analyse du composé dans la diction épique
14.3.3. Mycénien o-ka
14.3.4. Ὄρχος et ἀγέρωχος
14.3.5. Étymologie de ὄρχος
14.4. Réinterprétation
14.5. Conclusion
Troisième partie
ALTÉRATION DU SIGNIFIANT DÉPASSANT LES LIMITES DU MOT
Chapitre 15. — Désordre et vanité : μάψ, μαψιδίως
15.1. Les attestations
15.1.1. Μάψ
15.1.2. Μαψιδίως
15.1.3. Composés de μάψ
15.1.4. Époques classique et hellénistique
15.2. Interprétations anciennes et modernes
15.3. Analyse de μάψ
15.4. Réinterprétation
15.5. Conclusion
Chapitre 16. — L’arbre, la lance et la poutre : προθέ»υμνος
16.1. Les attestations
16.1.1. Occurrences homériques
16.1.2. Époques classique et hellénistique
16.1.3. Époques romaine et byzantine
16.2. Interprétations anciennes et modernes
16.3. Analyse de προθέλυμνος
16.3.1. Ἐλύνιαι « poutres »
16.3.2. Syntaxe de Il. 9, 541
16.3.3. Il. 13, 130
16.3.4. La dentale aspirée
16.3.5. Étymologie
16.4. Réinterprétation
16.5. Conclusion
Chapitre 17. — Hector et Lady Mondegreen : ἀσφάραγος (Il. 22, 328)
17.1. Les attestations
17.2. Interprétations anciennes et modernes
17.3. Analyse de ἀσφάραγος
17.3.1. Le nom de la gorge
17.3.2. Segmentation du vers
17.3.3. *φάρυγος, arm. erbowc
17.4. Conclusion
Chapitre 18. — Voiler et mouler : ἐντυάς (Il. 24, 163)
18.1. Les attestations
18.2. Interprétations anciennes et modernes
18.3. Analyse de ἐντυπάς
18.3.1. Segmentation du vers
18.3.2. La préposition ὑπά en éolien
18.4. Réinterprétation
18.5. Conclusion
Chapitre 19. Synthèse
19.1. Récapitulatif
19.2. Continuité et rupture : révisions lexicographiques
19.3. Distribution entre les deux épopées
19.4. Démotivation : caractéristiques de départ du terme réinterprété
19.4.1. Fréquence
19.4.2. Catégorie morposyntaxique
19.4.3. Morphologie
19.4.4. Lexique
19.4.5. Phonétique
19.4.6. Métrique
19.4.7. Déclinaison ou conjugaison de formules
19.5. Types d’erreur d’analyse
19.5.1. Erreur sémantique
19.5.2. Erreur de syntaxe
19.5.3. Erreurs de segmentation
19.6. Remotivation : raisonnement analogique
19.6.1. Raisonnement sur le mot
19.6.2. Raisonnement sur le contexte
19.6.3. Fiabilité relative des sources antiques
19.7. Postérité du terme réinterprété
19.8. Date de la réinterprétation
19.9. Tabl
L'étude s'intéresse aux erreurs que les Grecs ont faites sur Homère : mauvaise compréhension de mots obsolètes, qui acquièrent un sens tout différent de leur sens étymologique, erreur sur la syntaxe du vers, qui en transforme le sens, erreur d’identification des mots eux-mêmes, conséquence d’une mauvaise segmentation dans la chaîne parlée, qui entraîne l’apparition de formes altérées, modification de la forme d’un mot en fonction d’une interprétation erronée. Tous ces processus aboutissent à déguiser les vers concernés, parvenus jusqu’à nous sous un maquillage qu’il s’agit d’enlever pour retrouver le sens originel, souvent inconnu des Grecs eux-mêmes. L’étude se concentre sur les réinterprétations anciennes, acquises à l’époque classique, et entérinées par la tradition. Certaines de ces erreurs sont d’ailleurs déjà le fait des aèdes eux-mêmes, et mettent en évidence l’hétérogénéité de la langue épique, développée pendant des siècles de tradition orale.
tradition orale.